Progressivement, la self-service BI ou BI en libre-service fait son chemin parmi les entreprises. En quoi est-elle un changement fondamental ?
Le 22 septembre dernier, François Bacher, consultant BI expert sur les outils Microstrategy, présentait un atelier “les grands enjeux de la self-service BI” lors de l’édition 2016 du Salon Solutions de Paris Porte de Versailles.
“Nous avons fait le choix de cette thématique d’atelier innovante car elle amène pas mal de changements dans notre expertise”, explique-t-il “et il est important d’y sensibiliser le business pour qu'il comprenne comment cela fonctionne et surtout quels en sont les impacts.”
Cette tendance à la BI en “libre-service” est en effet bien réelle, mise en avant par les blogueurs experts, et poussée par les éditeurs eux-mêmes en recherche de rupture. Mais de quoi parle-t-on au juste ?
Les bases : la self-service BI, qu’est ce que c’est, quels avantages ?
La définition est large : la self-service BI désigne la tendance que prend l’informatique décisionnelle à donner plus de pouvoir aux utilisateurs.
Traditionnellement, les modèles de business intelligence placent la DSI entre une solution et son utilisateur. Les services informatiques sont responsables de la gouvernance générale, de la centralisation des données sur la plateforme et de son bon fonctionnement. Ce sont eux qui, à la demande des départements users, vont générer des rapports et globalement faire tourner la solution.
Les solutions de BI en libre-service cherchent donc à opérer une petite révolution : démocratiser la BI.
“En fait, les utilisateurs deviennent eux-mêmes les consommateurs de leurs données” explique Pierre Andrieu, dirigeant de la société Solution B.I. “Ils vont pouvoir choisir 3 sources de données pour créer leurs propres rapports. Les données de l’entreprise, ce qui est classique, des données tierces de leur choix, par exemple depuis leur Facebook ou leur Google Drive, et surtout, des données personnelles comme des tableurs Excel qu’ils auront créés eux-mêmes et qu’ils vont aller chercher directement sur leur bureau.”
Une approche très individuelle et personnelle du rapport à la data. Autre avantage : les solutions en libre-service permettent de croiser l’ensemble de ces sources de données pour obtenir des analyses toujours plus affinées.
Pourquoi parler de petite révolution ?
Si on se réfère à la nature même de la BI, donner du pouvoir au décideur qui pilote, le self-service prend tout son sens.
Une population non technique (qui ne possède pas les compétences d’un ingénieur informatique) va pouvoir créer son propre reporting et lancer ses propres requêtes en toute autonomie. L’utilisateur ne passe ainsi plus par la case DSI pour interagir avec ses données, ce qui constitue une aubaine dans le contexte actuel.
“Depuis quelques années nos consultants sont soumis à deux problématiques récurrentes” poursuit François Bacher “d'un côté, l'augmentation de la quantité et la diversité des données lié au Big Data, et de l'autre des utilisateurs toujours plus nombreux avec des problématiques de plus en plus pointues. Bouger le curseur vis à vis du business et donner la main à des utilisateurs, c’est les rendre plus autonomes, plus performants. Et pour nous, c’est recentrer nos métiers sur le sourcing de nouvelles données, la Data Quality et la formation des utilisateurs.”
Un double changement des moeurs avantageux, donc : des décideurs toujours plus indépendants, autonomes et rapides, et des consultants BI qui peuvent recentrer leur métier sur des pans plus stratégiques.
Où trouver ces solutions en libre-service ?
Parmi les favorites du Gartner et son Magic Quadrant, Tableau et Qlik se positionnent en leaders. D’autres blogueurs mettent en avant Microsoft qui se classe aussi en bonne position parmi les solutions de prédilection. Mais si ces trois options permettent de créer de analyses très personnelles à partir de ses données, elles rendent plus difficile le déploiement à d’autres départements ou la gestion de grandes volumétries. Croiser des tableaux de bords différents pour créer un “merge”, par exemple, sera ardu.
“Pour ma part, je préconiserais Microstrategy” conclut François Bacher “pour sa scalabilité qui est idéale et permet justement de gérer et partager de plus grands volumes, et de se donner l’opportunité d’élargir sereinement la solution à toute l’entreprise. Enfin, l’ergonomie et la lisibilité, disons-le même la beauté des tableaux de bords, plait beaucoup au client, qui s’y retrouve et prend plaisir à les customiser.”
Des opportunités...mais aussi des risques
À grands pouvoirs, grandes responsabilité : qui peut garantir que l’utilisateur qui a la main sur la solution en sortira des tableaux fiables ?
Au final, la BI en libre-service ne met pas totalement de côté la DSI, bien au contraire.
L’utilisateur est certes plus autonome, mais ce seront toujours les services IT qui seront coordinateurs. Ce sont à eux de centraliser, sécuriser et mettre en place une gouvernance interne sur la gestion de la BI. Ils peuvent notamment construire un cahier des charges à destination des utilisateurs pour garantir la bonne utilisation des outils.
En définitive : on ne changera pas non plus complètement le monde. Si on peut véritablement parler de changement de mœurs de par l’autonomisation de l’utilisateur, la DSI préserve plus que jamais son rôle de “bibliothèque” de toutes les données.